6 avril 2017 – Le Congrès déclara la guerre à l’Allemagne le 6 avril 1917, amenant officiellement les États-Unis dans la Première Guerre mondiale, un conflit qui perdurait depuis près de trois ans. Lorsque la guerre éclata en 1914 – opposant les forces alliées que sont la France, la Grande-Bretagne et la Russie à l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Empire ottoman – la plupart des Américains ont simplement voulu rester en dehors du conflit. Les combats avaient lieu de l’autre côté de l’océan, et comme les États-Unis n’étaient pas directement menacés, beaucoup d’Américains estimaient qu’il y avait peu à gagner en entrant dans cette guerre. La perspective diplomatique américaine qui consistait à éviter « les alliances » et qui a existé depuis la fondation des États-Unis, appuyait cet état d’esprit.
Néanmoins, presque 14 millions d’Américains étaient immigrants, et beaucoup d’entre eux avaient des intérêts dans les événements européens. Les Juifs-Américains d’Europe de l’Est méprisaient le tsar de Russie, tandis que les Irlando-Américains se méfiaient de la Grande-Bretagne. Ainsi ces deux communautés étaient suspicieuses des Alliés. Les Germano-Américains souhaitaient que les États-Unis restent neutres. Les Américains ayant des connections avec la Grande-Bretagne, la France et l’Italie, favorisaient les Alliés, tout comme les immigrants venant d’enclaves ethniques sous le contrôle de l’Autriche-Hongrie, pensant qu’une victoire des Alliés pourrait contribuer à libérer leurs pays natals.
Les perspectives culturelles et ethniques n’étaient pas les seuls facteurs déterminants qui entrainèrent l’entrée des États-Unis dans la Grande Guerre. Beaucoup d’Américains considéraient la Grande-Bretagne, la France et la Russie comme des puissances impérialistes, peu différentes de l’Autriche-Hongrie, l’Allemagne, et l’Empire ottoman. Les pacifistes pensaient que la guerre elle-même était détestable et influençaient aussi bien les communautés religieuses que les communautés séculaires. Les leaders du parti travailliste et les pauvres fermiers pensaient que la Première Guerre mondiale était une « guerre de riches » devenue un « combat de pauvres ». L’ancien président Theodore Roosevelt et d’autres anglophiles, d’un autre côté, sollicitaient une alliance avec la Grande-Bretagne, prônaient la préparation militaire, et recherchaient une position proéminente sur la scène internationale pour les États-Unis. Les internationalistes comme le président Woodrow Wilson étaient plus modérés. Ils estimaient que les États-Unis pourraient jouer un rôle dans la négociation d’une paix qui pourrait faire progresser les intérêts de la démocratie et du capitalisme libéral.
Pendant que les États-Unis restaient officiellement neutres, l’opinion publique pencha bientôt en défaveur de l’Allemagne. Les Allemands envahirent la Belgique, alors pays neutre, au début de la guerre, et y commirent des atrocités. L’introduction d’armes chimiques par l’Allemagne et l’utilisation de Zeppelins pour bombarder les villes recueillirent également une couverture médiatique défavorable. Quelques Américains étaient prêts à rejoindre le combat contre les « Huns » (terme péjoratif utilisé par les britanniques pour désigner les Allemands, « Boche » étant son équivalent français).
Les volontaires se mirent au service des armées britanniques, canadiennes, françaises et autres, et ont déferlé pour servir dans la Légion étrangère française (la Légion offrait la possibilité de garder la citoyenneté américaine, puisque les volontaires juraient allégeance à la Légion plutôt qu’à la France). Par la suite cette dernière devint un terrain de recrutement pour les grandes organisations américaines telles que l’escadrille La Fayette et le Corps d’aviation La Fayette. D’autres Américains servirent en tant que civils pour la Croix-Rouge américaine, le service d’ambulances Norton-Harjes, et pour d’autres organisations similaires. Ces volontaires firent l’actualité, devenant les sujets de compte-rendu poignants et palpitants venant du front. Leur service et sacrifice inspirèrent des américains, alors désintéressés du conflit, à devenir des sympathisants de la cause alliée.
Au début de la guerre, la Grande-Bretagne et l’Allemagne avaient toutes deux imposé des blocus navals, mais de manière très différente. Le blocus britannique était traditionnel, interceptant les bateaux sur la surface et assurant la sécurité de leurs équipages. Les Allemands comptaient sur les sous-marins, qui étaient fortement encouragés à frapper sans avertissements en raison de leur vulnérabilité lorsqu’ils faisaient surface. Les États-Unis rentrèrent presque en guerre contre l’Allemagne après le naufrage du RMS Lusitania en mai 1915, où plus de 128 vies américaines furent perdues. D’autres naufrages et protestations américaines suivirent, mais à temps l’Allemagne fléchit plutôt que d’entrer en guerre contre les États-Unis. L’Allemagne promit de ne pas attaquer les navires à passagers, et d’assurer l’évacuation sécurisée des équipages des autres bateaux. Sur le moment, cette mesure apaisa les États-Unis.
Le président Wilson tenta de négocier un terme à la guerre, avec peu de succès. Afin d’éviter de provoquer les Allemands et en partie pour des raisons budgétaires, le gouvernement de Wilson garda les forces armées américaines faibles. L’armée resta lamentablement petite, et les navires de la Marine étaient en sous-effectif et sous-entraînés. Marquant des points auprès des pacifistes et de ceux préférant la neutralité, Wilson fut réélu en 1916, dû en partie à sa position isolationniste et à son slogan de campagne « Il nous a gardé hors de la guerre ».
Au début de l’année 1917, des changements sur la scène internationale ne permirent plus aux Etats-Unis de rester neutres. L’Empire russe était au bord de l’effondrement, et les Allemands, qui étaient désespérés après des années de guerre et le blocus anglais, entrevirent un chemin vers la victoire. L’Allemagne croyait qu’une guerre sous-marine à outrance ferait échouer la Grande-Bretagne avant que les forces armées américaines non préparées ne puissent intervenir, et repris donc les attaques le 1er février 1917. Les Allemands essayèrent également de conspirer avec le Mexique contre les États-Unis avec le tristement célèbre « télégramme Zimmermann ». Intercepté par les britanniques, la nouvelle du télégramme fut publiée dans la presse américaine le 1er mars, suivie par le naufrage de cinq navires marchands américains plus tard le même mois. Déjà moralement solidaire de la cause alliée, ces actions allemandes indignèrent le public américain. Les États-Unis avaient atteint un tournant critique.
Le président Wilson demanda au Congrès une déclaration de guerre, et en reçut une le 6 avril 1917. Wilson qualifia la guerre qu’il essaya d’éviter à tout prix de « guerre pour mettre fin à la guerre » et un effort pour « faire du monde un endroit sûr pour la démocratie ». Le peuple américain s’est réuni pour soutenir ce grand effort, et fut plus uni qu’il ne l’avait jamais été auparavant. E pluribus unum.
Source ABMC (American Battle Monuments Commission)
A propos d’ABMC:
Etablie par le Congrès en 1923, l’American Battle Monuments Commission (la Commission américaine des monuments de guerre) commémore le service, les accomplissements, et le sacrifice des forces armées américaines. L’ABMC gère 26 cimetières militaires en dehors des États-Unis, et 27 monuments et mémoriaux.
Plus d’informations sur www.abmc.gov