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Angle de la rue Raynouard et de la rue Singer Hôtel de Valentinois – Hôtel de Valentinois
Lieux de mémoire américains à Paris
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A cet emplacement s’élevait au 18e siècle une vaste propriété comprenant un élégant hôtel particulier, l’Hôtel de Valentinois, sis dans un parc d’environ quatre hectares, et comprenant divers bâtiments, dont une orangerie et un petit pavillon. C’est là que vécut, de 1777 à 1785, Benjamin Franklin, qui fut représentant spécial puis premier Ambassadeur de l’histoire des États-Unis en France.

Benjamin Franklin, âgé de 71 ans et accompagné de ses deux petit-fils, William Temple Franklin et Benjamin Franklin Bache, avait quitté Philadelphie pour la France le 26 octobre 1776, soit un peu plus de trois mois après la Déclaration d’indépendance des États-Unis d’Amérique (le 4 juillet 1776) et un mois jour pour jour après avoir été mandaté par le Congrès continental pour obtenir le soutien financier, logistique et diplomatique du roi Louis XVI à la Guerre d’indépendance que menaient les Américains contre la couronne d’Angleterre.

Le 4 décembre 1776, son navire accostait dans le petit port de Saint-Goustan, à Auray, en Bretagne. Le 21 décembre 1776, il était à Paris. Il séjourna tout d’abord à l’Hôtel d’Entragues, 2, rue de l’Université, jusqu’au 8 janvier 1777, puis à l’Hôtel de Hambourg, 52, rue Jacob, jusqu’à fin février.

Il fut alors invité par le Français Jacques-Donatien Le Ray de Chaumont, armateur et négociant, un des aristocrates les plus riches et les plus puissants du royaume, et soutien de la cause des Insurgés américains, à séjourner gracieusement dans sa résidence de Passy.

Le village de Passy, comme celui, voisin, d’Auteuil, était alors une destination recherchée par les diplomates étrangers, légèrement en dehors de Paris, et sur la route de Versailles et de sa cour. Benjamin Franklin s’installa donc dans le petit pavillon de l’Hôtel de Valentinois, avec ses deux petit-fils qui l’assistaient dans son secrétariat. Il installa dans un autre bâtiment une presse typographique, lui permettant de disposer de sa propre imprimerie.

Hôtel peint depuis le centre du « parterre de gazon de quatre pièces découpées » 6 dans les années 1770 par Alexis-Nicolas Pérignon

Surtout, la demeure servit de Légation américaine officielle, et devint le centre politique et intellectuel de la vie américaine à Paris, où Franklin travaillait aux affaires diplomatiques entouré des autres représentants de la jeune République américaine en France : Arthur Lee, Silas Deane, et plus tard John Adams et John Jay. Benjamin Franklin, qui jouissait déjà d’une aura certaine obtenue lors de ses précédents voyages en France, en 1767 et en 1769, acquit un immense prestige durant son séjour, et le Tout-Paris s’extasia sur la simplicité de sa mise, qui contrastait avec les usages de la cour : simple costume de Quaker à la mode de Philadelphie, et cheveux non poudrés et non perruqués.

Benjamin Franklin reçut de nombreux visiteurs à Passy : Turgot, Buffon, d’Alembert, Condorcet, Malesherbes, La Rochefoucauld, Mirabeau, et bien sûr Beaumarchais, chargé d’acheminer l’aide financière aux Insurgés américains sous le couvert d’une société fictive, sise Hôtel des Ambassadeurs de Hollande. C’est également à Passy que Franklin rencontra plusieurs fois le jeune Marquis de La Fayette, avant son départ pour l’Amérique. Mais la plus grande réussite du travail diplomatique de Benjamin Franklin durant son mandat parisien fut sans conteste la signature, le 6 février 1778, en l’Hôtel de Coislin, des Traités d’Amitié, de Commerce et d’Alliance entre la France et les États-Unis.

Durant son séjour, Franklin poursuivit également ses recherches scientifiques, en particulier sur l’électricité. Il fit également partie de l’Académie des Sciences. Le 21 novembre 1783, il assista ainsi au premier vol habité de l’histoire, lorsque Jean-François Pilâtre de Rozier et le marquis d’Arlandes s’envolèrent à bord d’un ballon à air chaud du Château de la Muette, à Passy, pour atterrir neuf kilomètres plus loin, au niveau de la Butte-aux-Cailles, après un vol de vingt-cinq minutes. Il en rédigea même le compte-rendu pour l’Académie des Sciences.

Lorsque Benjamin Franklin quitta l’Hôtel de Valentinois, et Paris, en juillet 1785 pour retourner aux États-Unis, il reçut en cadeau le portrait du roi de France Louis XVI dans un cadre constellé de 408 diamants, que lui apporta de la part du roi le Comte de Castries.