Discours du Chargé d’Affaires Mark A. Taplin, Fête de l’Indépendance

Je vous remercie d’être venus aujourd’hui célébrer avec nous l’Indépendance américaine, et porter un toast à la destinée commune de nos deux grandes nations.

La France et les Etats-Unis. Nous avons derrière nous deux cent trente-huit années d’attirance et d’admiration réciproques. Le fait d’être différents, aussi différents que peuvent l’être le foie gras et le beurre de cacahuètes, ne nous empêche pas de nous accorder sur l’essentiel : la liberté, la démocratie, l’égalité, la fraternité et, oui, la recherche du bonheur.

Il y a de cela cent ans, Myron Herrick, alors Ambassadeur des Etats-Unis en France, revenait de l’hippodrome de Longchamp porteur d’une terrible nouvelle : le président Poincaré venait d’annoncer à un Ambassadeur d’Autriche interloqué l’assassinat de l’Archiduc d’Autriche à Sarajevo. Ceci marquait la fin de la Belle Epoque, et le début de la Grande Guerre.  Myron Herrick se rémémora par la suite qu’à peine deux mois plus tard, Longchamp ne serait plus rempli de chevaux de course mais de bétail et de moutons, acheminés vers Paris afin de prévenir toute famine au cas où la ville serait assiégée.

Officiellement, les Etats-Unis ne prendraient pas partie en 1914. L’ambassade avait affiché sur ses portes la proclamation de neutralité émise par le président Wilson. L’ambassadeur Herrick se chargea personnellement des sceaux de l’ambassade d’Allemagne, ainsi que de la protection de ses citoyens et de leurs biens. Il remplit son devoir.

Cependant, officieusement, l’ambassadeur Herrick allait s’engager sans réserve pour la France. Il serait plus tard qualifié de “premier volontaire” de l’Amérique.  Il orienta de jeunes Américains vers la Légion Etrangère, rue de Grenelle. Il en dirigea d’autres vers l’American Ambulance et l’American Field Service qui rapatrièrent du front des centaines de milliers de soldats blessés. Il persuada l’armée française de mettre à sa disposition un lycée à Neuilly, et il arrangea lui-même le financement des travaux pour en faire l’Hôpital Américain tel que nous le connaissons de nos jours. Afin de coordonner l’afflux de dons privés destinés à soutenir la France, il créa un Bureau central de l’aide américaine qui distribua près de cent millions de dollars en espèces et en donations.  L’ambassadeur Herrick assura aux aviateurs américains se portant volontaires pour l’Escadrille Lafayette qu’à leur place, il s’enrôlerait sur le champ. Il est également connu pour être resté à Paris en septembre 1914, presque seul parmi les diplomates étrangers et les membres du gouvernement, alors même que la Bataille de la Marne faisait rage non loin.

Myron Herrick adorait la France, et en particulier cette ville magnifique.  Tout comme bon nombre d’Américains au cours de ces deux derniers siècles.  Myron Herrick revint à Paris dans les années mille-neuf-cent-vingt en tant qu’Ambassadeur;  il donna réellement le meilleur de lui-même pour nos deux nations.  Au moment de sa disparition, en 1929, la France l’honora en lui rendant les honneurs militaires et par un cortège funèbre qui passa par la Place d’Iéna.  Paris l’honora également en donnant son nom à une rue, la rue Myron-Herrick, et en le faisant citoyen d’honneur.

La France et les Etats-Unis.  Nos deux nations, Madame la Maire, restent des amis et des alliés fidèles, un siècle plus tard.  Le monde n’est peut-être plus en guerre, mais il n’est assurément pas en paix.  Certains défis requièrent de la France et des Etats-Unis fermeté et principes : la Syrie, l’Ukraine, l’Iran.

Dans nos grandes cités, nous nous accordons sur les choses essentielles, comme nous l’avons toujours fait, et nous nous inspirons mutuellement pour nous dépasser.  Nous nous accordons sur l’importance des créations d’emplois et des perspectives d’avenir, en particulier pour les jeunes et pour les personnes défavorisées.  C’est cela l’objet du Prix Washburne de l’innovation pour l’égalité des chances remis par l’Ambassade : récompenser des entreprises comme Casino et FedEx qui prouvent que l’engagement citoyen des entreprises est aussi bon pour les affaires.

Nous nous accordons sur l’importance de l’investissement dans l’éducation, dans les transports, et pour l’amélioration des normes environnementales. Suivant l’exemple des initiatives Velib, Autolib, Paris Pieton et IssyGrid, de nombreuses villes américaines s’engagent activement dans cette voie.

Nous nous accordons enfin sur la nécessité de s’assurer que chacun, quels que soient son passé ou sa nationalité d’origine, bénéficiera de la même protection au regard de la loi.

Nous continuerons à apprendre les uns des autres, comme nous l’avons toujours fait.  La source vive de l’attirance, de l’admiration et de l’inspiration réciproques entre Français et Américains est aussi forte au 21ème siècle qu’elle l’était au 18ème. Elle va bien au-delà de nos deux gouvernements et de la politique internationale; elle tire son origine de deux peuples et de leur affinité mutuelle, et c’est là que réside notre réelle force commune.  Alors même que la dépouille de Myron Herrick était déposée à bord du croiseur français Le Tourville, le Général Pershing remarquait :  “Il est mort comme il l’aurait souhaité, en France et en faisant son devoir; et il rentre en Amérique comme il l’aurait voulu, les drapeaux des deux nations flottant au-dessus de lui.”

Histoire de l’Indépendance des Etats-Unis

Un petit garçon agite un drapeau américain le 4 juillet 2006 à Edmond (Oklahoma). Photo DOS
Un petit garçon agite un drapeau américain le 4 juillet 2006 à Edmond (Oklahoma). Photo DOS

Un vent de liberté flottait à Philadelphie en ce début de juillet 1776 et la décision de rompre tous les liens politiques avec l’empire britannique fut prise, en quatre jours, par les 50 membres du deuxième Congrès.

Dès le 11 juin, une commission (dans laquelle se trouvaient Thomas Jefferson, Benjamin Franklin et John Adams, ainsi qu’un négociant du Connecticut et un juriste new yorkais) avait été chargée par le Congrès de rédiger le texte de la Déclaration d’Indépendance.

S’étant attelé sans attendre à la rédaction initiale de ce texte, Thomas Jefferson fut en mesure de soumettre une version finale dès le 28 juin afin qu’elle puisse faire l’objet d’un débat général le lundi suivant, 1er juillet. C’est ainsi qu’après avoir expédié les affaires courantes, dans la matinée du 1er juillet, la séance du Congrès écouta les différents orateurs. Alors que le délégué de Pennsylvanie, John Dickinson, exprimait ses arguments en faveur du maintien des liens avec l’Empire britannique, John Adams prit la parole pour exposer avec son talent d’orateur confirmé, les arguments favorables à la scission.

S’ensuivit alors un vote officieux qui donna le résultat suivant : neuf voix pour l’Indépendance ; deux voix contre ; une abstention et une délégation divisée, celle du Delaware. Il fallait désormais travailler à former un front uni et unanime, c’est ce à quoi s’employèrent Thomas Jefferson, Benjamin Franklin et John Adams en essayant de convaincre les délégations opposées à l’Indépendance.

Leurs efforts furent couronnés de succès, et le 2 juillet, le délégué de Caroline du Sud annonça que sa colonie avait décidé de rejoindre la majorité. Convaincu que rien ne pouvait désormais arrêter le mouvement vers l’Indépendance, John Dickinson décida de ne pas participer au vote laissant les cinq autres délégués de Pennsylvanie représenter son Etat. Seul le Delaware posait encore problème, ce qui fut résolu grâce à la chevauchée spectaculaire du chef de la milice de l’Etat, Caesar Rodney, qui avait dû retourner dans son Etat mais revint à temps pour voter en faveur de l’Indépendance.

Le soutien qu’a apporté le gouvernement français, illustré par des figures aussi emblématiques que le Maréchal de Rochambeau, le Marquis de La Fayette, et l’Amiral de Gasse, a joué un rôle déterminant dans la victoire finale américaine. Les français ont largement contribué au soutien financier, au leadership et aux forces terrestres et navales. Le combat qui débuta à Lexington, au Massachusetts, perdura pendant huit ans sur l’ensemble du continent, de Montréal, au Canada,  au nord de Savannah dans le sud de la Géorgie. Une part importante des troupes britanniques capitula à Yorktown, en Virginie, en 1781. La guerre aboutie finalement à la signature du traité de paix à Paris, le 15 avril 1783.

On commémore la contribution Française de plusieurs manières. Par exemple, le portrait de Lafayette est accroche dans la US House of Representatives et une statue du Marshal Rochambeau, offerte au Président Theodore Roosevelt, est dans le parc du Président de la Maison Blanche. Sur la statue de Rochambeau est inscrite la phrase prononcée par George W. Bush et qui résume parfaitement la relation proche de nos deux pays : “Nous avons été témoins et avons participé au combat pour la liberté , nous avons vécu ensemble comme des frères vivraient en amitié harmonieuse”. A l’ambassade Américaine à Paris, Américains et Français se souviennent chaque jour de cette amitié grâce aux grands portraits de La Fayette et Rochambeau qui sont accrochés aux murs de la Chancellerie.

La motion historique présentée par Richard Henry Lee fut alors votée à l’unanimité et le débat sur le texte de la Déclaration d’Indépendance soumis par Thomas Jefferson put alors commencer.

C’est le 4 juillet, après avoir subi quelques légères modifications, que la Déclaration d’Indépendance fut officiellement adoptée. Ce texte ne marque pas seulement la naissance d’une nouvelle nation, mais expose une philosophie des libertés individuelles qui allait se répandre à travers le monde entier. Depuis lors, le 4 juillet est devenu le jour de la fête nationale des Etats-Unis, jour qui permet au peuple américain d’exprimer son patriotisme et de célébrer la liberté.

La Déclaration d’Indépendance est exposée aux Archives nationales à Washington, D.C. ainsi que la Constitution.

En savoir plus: Déclaration d’Indépendance en anglais, Archives Nationales américaines.