Tribune – Ouest France – 6 juin 2017
En 2017, centenaire de l’entrée des Etats-Unis dans la Première Guerre mondiale, j’ai l’honneur de représenter les Etats-Unis à Utah Beach pour commémorer le débarquement des Alliées pendant la Seconde Guerre Mondiale. Notre pays a perdu plus de cinq cents mille soldats au cours de ces deux conflits. Nombre d’entre eux sont enterrés en France : il y a plus de soldats américains enterrés en France que dans n’importe quel autre pays en dehors des Etats-Unis. Ma mission en France s’achèvera prochainement, et c’est avec d’autant plus d’émotion que je réfléchis à la longue histoire commune de nos deux pays et à notre amitié indéfectible, basée sur des valeurs partagées de liberté et de démocratie.
Souvent absorbés par les conflits d’aujourd’hui, nous oublions les sacrifices des générations passées. C’est là toute l’importance de cette saison, de cette année de commémoration : elle doit consolider notre histoire commune, et confirmer notre résolution à nous allier. Même en temps de paix, rappelons-nous notre devoir de protection de nos valeurs contre ceux qui ne les partagent pas.
Le discours prononcé il y a trente-trois ans à la Pointe du Hoc par l’ancien président américain Ronald Reagan est toujours d’actualité : « L’Amérique a tiré d’âpres leçons des deux guerres mondiales. Il vaut mieux être présent ici afin de défendre la paix que de rester les yeux fermés de l’autre côté de l’Atlantique, réagissant seulement après le fait accompli, une fois la liberté bafouée. La force des alliés des Etats-Unis est un enjeu vital pour nous. La sécurité de l’Amérique dépend de la liberté inhérente aux démocraties en Europe. Nous fumes à vos côtés à l’époque, nous le sommes encore aujourd’hui. Vos espoirs sont les nôtres, et votre destin est le nôtre. »
Les Etats-Unis et la France sont des amis et des alliés de la première heure. C’est grâce aux soldats français menés par Rochambeau que nous avons gagné la bataille décisive de Yorktown et, avec elle, notre indépendance il y a plus de deux siècles. Après le déchirement que fut la Guerre de Sécession, les États-Unis n’ont pu rétablir une véritable unité nationale qu’en se mobilisant pour le droit des peuples et pour la liberté, avec l’arrivée des forces armées américaines dans la Grande Guerre en 1917, notamment par les ports de Saint-Nazaire et de Brest. C’est le sentiment d’unité qui anima plus tard les troupes américaines qui rejoignirent les Alliés sur les plages de Normandie, alors que nous nous battions à nouveau pour défendre nos valeurs communes. C’est de la même unité dont nous faisons preuve aujourd’hui en luttant ensemble pour ces mêmes valeurs au Moyen-Orient et au Sahel.
N’oublions pas que les liens d’amitié qui se tissent tous les jours entre les peuples grâce aux efforts de simples individus sont également les garants de la paix. Cette année, nous avons inauguré sur Omaha Beach un mémorial en l’honneur de Monsieur Charles Shay, vétéran américain dont j’ai fait la connaissance, et qui rend hommage à la contribution des soldats amérindiens pendant la Seconde Guerre mondiale. C’est grâce aux efforts de ses amis normands que ce lieu a pu voir le jour.
Je tiens à remercier nos alliés français pour la ferveur qu’ils mettent à préserver la mémoire et à forger des liens durables. La constance des hommages que vous rendez à l’héroïsme de ceux qui ont donné leur vie pour notre liberté restera à jamais gravée dans ma mémoire.