1812-1838, Hôtel de Talleyrand
1812-1838
En 1812, le marquis de Hervas, créé entre temps marquis d’Almenara, céda la résidence à celui qui allait lui donner son nouveau nom : Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord. Le célèbre homme d’État français, qui avait déjà acquis le Château de Valençay en 1803, fit de l’hôtel de la Rue Saint-Florentin sa résidence parisienne. La demeure devint l’un des centres de la vie mondaine et politique française.
C’est entre ces murs que Talleyrand mena les négociations qui conduisirent au Traité de Fontainebleau (signé en avril 1814), puis au Traité de Paris (signé en mai 1814), en prologue au Congrès de Vienne (septembre 1814 – juin 1815). Au cours de ces réunions, en vue de négocier la paix en Europe et la restauration de la monarchie en France, Talleyrand reçut le roi Frédéric-Guillaume III de Prusse, l’empereur François Ier d’Autriche, ainsi que le duc de Wellington, l’ambassadeur de Grande-Bretagne.
Mais l’hôte le plus prestigieux de Talleyrand au cours de ces négociations fut sans aucun doute le tsar Alexandre Ier de Russie, qui séjourna ici durant deux semaines (du 1er au 15 avril 1814). En effet, lors de l’entrée des troupes russes dans Paris le 31 mars, Talleyrand mit sa demeure à la disposition du tsar. En l’accueillant dans sa résidence, Talleyrand lui aurait dit : « Votre majesté remporte peut-être en ce moment son plus beau triomphe; elle fait de la maison d’un diplomate le temple de la paix. »
Talleyrand mourut dans cette demeure le 17 mai 1838, peu après avoir reçu une dernière visite du roi Louis-Philippe. Après sa mort, ses meubles furent transportés au Château de Valençay, où ils se trouvent toujours.
Dans « Choses Vues 1830 – 1848 », Victor Hugo écrivit : « Dans ce palais, comme une araignée dans sa toile, il avait successivement attiré et pris héros, penseurs, grands hommes, conquérants, rois, princes, empereurs, Bonaparte, Sieyès, Mme de Staël, Chateaubriand, Benjamin Constant, Alexandre de Russie, Guillaume de Prusse, François d’Autriche, Louis XVIII, Louis-Philippe, toutes les mouches dorées et rayonnantes qui bourdonnent dans l’histoire de ces quarante dernières années. Tout cet étincelant essaim, fasciné par l’œil profond de cet homme, avait successivement passé sous cette porte sombre qui porte écrit sur son architecture : Hôtel Talleyrand. »