Iran : Déclarations du secrétaire d’État Pompeo et du secrétaire au Trésor Mnuchin lors d’un point de presse

Secretary of State Mike Pompeo, left, and Treasury Secretary Steven Mnuchin, present details of the new sanctions on Iran, at the Foreign Press Center in Washington, Monday, Nov. 5, 2018. (AP Photo/J. Scott Applewhite)

Département d’État des États-Unis
Secrétaire d’État Michael R. Pompeo
Le 5 novembre 2018

MODÉRATEUR : Bonjour à tous et bienvenue au Centre de la presse étrangère. Nous avons le plaisir d’avoir avec nous ce matin le secrétaire Pompeo et le secrétaire Mnuchin. Ils feront tous les deux une brève allocution, et nous espérons que nous aurons le temps de répondre à une ou deux questions.

Monsieur le secrétaire Pompeo, s’il vous plait.

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE POMPEO : Bonjour, Robert. Je vous remercie. Bonjour tout le monde. C’est formidable d’être ici au Centre de la presse étrangère. C’est un plaisir de vous voir tous. En mai dernier, après le retrait du président Trump de l’accord sur le nucléaire, son gouvernement a annoncé une nouvelle stratégie qui vise à susciter un changement fondamental du comportement des dirigeants de la république islamique d’Iran. Une campagne de pression économique sans précédent est l’axe central de cet effort – et elle comporte de nombreux axes d’intervention. Notre objectif est d’assécher les sources de revenus dont se sert le régime iranien pour financer des activités violentes et déstabilisatrices dans l’ensemble du Moyen-Orient et même dans le monde entier.

Notre objectif ultime est de convaincre le régime de mettre fin aux activités révolutionnaires qu’il mène actuellement. Il suffit de regarder ce qui s’est passé la semaine dernière. Le Danemark a annoncé avoir découvert un complot d’assassinat par le régime iranien sur son propre sol. Le régime iranien a le choix. Il peut faire un virage à 180 degrés et se comporter comme un pays normal, ou voir son économie s’effondrer.

Nous espérons qu’un nouvel accord avec l’Iran sera possible, mais tant que l’Iran ne procédera pas aux 12 changements dont j’ai fait état en mai, nous exercerons une pression sans faille sur le régime. Preuve de cette détermination, nous réimposons aujourd’hui toutes les sanctions précédemment levées dans le cadre de l’accord sur le nucléaire. Cela comprend des sanctions dans les secteurs de l’énergie, de la banque, du transport maritime et de la construction navale.

Depuis que le gouvernement Trump est entré en fonction, nous avons adopté 19 séries de sanctions visant 168 entités iraniennes. Les sanctions d’aujourd’hui vont accélérer le déclin rapide de l’activité économique internationale en Iran depuis la mise en œuvre de notre stratégie en mai. Depuis le mois de mai, plus de 100 entreprises se sont retirées d’Iran ou ont annulé leurs projets d’activités commerciales dans ce pays. Il convient de souligner que si une entreprise se soustrait à notre régime de sanctions et poursuit secrètement des activités commerciales susceptibles de faire l’objet de sanctions en République islamique, les États-Unis lui imposeront des pénalités sévères et rapides, y compris des sanctions potentielles. Je vous promets que traiter avec l’Iran au mépris de nos sanctions sera finalement une décision commerciale beaucoup plus pénible que de se retirer de l’Iran ou d’être connecté à l’Iran de quelque manière que ce soit.

Plus de 20 pays importateurs ont déjà réduit leurs importations de pétrole brut, et retiré ainsi plus d’un million de barils de brut par jour du marché. Depuis mai, le régime a perdu plus de 2,5 milliards de dollars de recettes pétrolières. Nous avons décidé de procéder à des affectations temporaires à une poignée de pays en raison de circonstances spécifiques et pour garantir un marché du pétrole bien approvisionné. Les États-Unis accorderont ces exemptions à la Chine, à l’Inde, à l’Italie, à la Grèce, au Japon, à la Corée du Sud, à Taiwan et à la Turquie. Chacun de ces pays a déjà considérablement réduit ses achats de brut iranien au cours des six derniers mois. En fait, deux de ces huit pays ont déjà complètement cessé leurs importations de brut iranien et ne les reprendront pas tant que le régime de sanctions sera maintenu. Nous continuons les négociations pour amener toutes les nations à zéro.

De plus, aujourd’hui, 100 % des revenus de la vente de pétrole de l’Iran seront détenus sur des comptes en devises. L’Iran ne peut utiliser cet argent que pour le commerce humanitaire ou bilatéral – portant sur des produits bilatéraux non soumis à sanctions.

S’agissant du programme nucléaire iranien, nous avons décidé d’accorder des dérogations temporaires et restreintes permettant la poursuite de trois projets de non-prolifération en cours. Le fait de laisser ces activités se poursuivre pour le moment facilitera la surveillance permanente du programme nucléaire civil iranien et rendra ces installations moins vulnérables à des utilisations nucléaires illicites et illégales. Soyez assurés que l’Iran ne sera jamais près de se doter d’une arme nucléaire pendant le mandat du président Trump.

Je vais maintenant passer à la parole à Monsieur le secrétaire Mnuchin.

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE MNUCHIN : Je vous remercie. Aujourd’hui, les États-Unis mettent en œuvre les dernières mesures visant à se retirer de l’accord iranien très déséquilibré de l’administration Obama. Ce matin, nous imposerons pleinement des sanctions au régime iranien. Elles s’inscrivent dans le cadre de la campagne de pression économique maximale sans précédent que les États-Unis mènent contre le plus grand État parrain du terrorisme au monde. Aujourd’hui, nous avons sanctionné plus de 700 personnes, entités, avions et navires dans le cadre de la plus grande journée d’action du Trésor contre l’Iran. Plus de 300 de ces sanctions sont de nouvelles cibles. De plus, nous réinscrivons sur les listes des centaines de personnes et d’entités précédemment sanctionnées, auxquelles on avait accordé des exemptions en vertu du plan d’action global conjoint.

Ces sanctions puissantes visent directement les secteurs bancaire, énergétique et maritime iraniens. Le régime iranien a canalisé des milliards de dollars pour le Corps des gardes de la révolution islamique par le biais du secteur bancaire. La désignation d’aujourd’hui concerne 50 banques iraniennes et leurs filiales étrangères et nationales, en relation avec le soutien du régime iranien au terrorisme international, la prolifération des armes de destructions massives, de leurs vecteurs et avec les violations des droits de l’homme.

Nos actions font en particulier intervenir l’identification de plus de 400 cibles, dont plus de 200 personnes et navires dans le secteur du transport maritime et de l’énergie en Iran ; Iran Air, la compagnie aérienne nationale iranienne, et plus de 65 avions ; le placement de près de 250 personnes sur la liste associée des ressortissants spécialement désignés ; l’Organisation iranienne de l’énergie atomique.

Au cours des cinq derniers mois, le Trésor a mis en œuvre certaines des sanctions les plus lourdes jamais appliquées. Lorsque l’on ajoute cela aux actions précédentes, plus de 900 cibles liées à l’Iran ont été sanctionnées sous cette administration en moins de deux ans, ce qui correspond au plus haut niveau de pression économique sur l’Iran jamais atteint par les États-Unis. Nous faisons clairement comprendre au régime iranien qu’il sera confronté à un isolement financier croissant jusqu’à ce qu’il change radicalement son comportement déstabilisateur.

Les dirigeants iraniens doivent cesser de soutenir le terrorisme et mettre immédiatement fin à leurs activités régionales destructrices. Ils doivent arrêter les missiles balistiques et abandonner leurs ambitions nucléaires s’ils entendent bénéficier d’un allègement des sanctions. Nous observons le régime iranien de très près. S’il tente de se soustraire à nos sanctions, nous ne cesserons de prendre des mesures pour perturber ses activités.

La pression maximale exercée par les États-Unis ne va que s’intensifier. Les entreprises du monde entier doivent savoir que nous appliquerons strictement nos sanctions. Je vous remercie.

MODÉRATEUR : Nous avons le temps pour quelques questions. Pour Sky News, Cordelia Lynch.

QUESTION : Bonjour, c’est une question pour Monsieur le secrétaire Pompeo.  Le président a invoqué la série ‘Game of Thrones’ en parlant des sanctions. Vous croyez que c’était approprié ?

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE POMPEO : Honnêtement, cette administration a fait preuve de cohérence quant à nos intentions depuis la campagne du président Trump jusqu’à son investiture. Nous comprenons que la république islamique d’Iran représente une menace pour les États-Unis d’Amérique et nous sommes déterminés à y mettre un terme. Et on a beaucoup parlé de ‘Game of Thrones’. Qasem Soleimani a répondu, et je n’ai vu aucun commentaire de votre part à ce sujet. C’est un homme qui a du sang américain sur les mains. Il a tué des soldats américains, et ce n’est pas drôle. Et les actions entreprises par la république islamique d’Iran ne sont pas les petits détails qui font s’emballer les gens ici à Washington, mais il s’agit de questions très sérieuses qui touchent toute l’Europe, le Moyen-Orient et le monde, et les hommes et les femmes qui sont en danger aujourd’hui

MODÉRATEUR : Merci Monsieur. La prochaine question est du Asahi Shimbun, Yuko Lanham. Yuko ?

D’accord. Nous allons passer à EFE, Beatriz Pascual Macias.

QUESTION : Bonjour, merci beaucoup. Merci beaucoup. Je me demandais, que pourriez-vous dire aux pays européens qui s’attendaient à figurer sur cette liste de pays qui ne vont pas être soumis aux sanctions ? Et quel genre de relation avez-vous avec eux, quelles sont les conversations à ce sujet ? Je vous remercie.

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE POMPEO : Vous voulez parler de la question financière, Steven ?

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE MNUCHIN : Eh bien, je ne pense pas que nous ayons jamais dit que cela concernait les pays européens, qu’ils seraient exemptés. Tout le contraire à mon avis. Nous avons dit que nous nous attendions à ce qu’ils respectent les sanctions. Cela dit, ils peuvent continuer à effectuer certaines transactions, qu’il s’agisse de transactions humanitaires ou de transactions spécifiques dans les comptes soumis à restrictions. Et encore une fois, permettez-moi de souligner que, comme je l’ai dit la semaine dernière, nous veillerons à ce que les transactions humanitaires correspondent vraiment à ces fins. Il ne s’agit donc pas de porter préjudice au peuple iranien, mais nous ne laisserons pas l’argent être détourné à des fins humanitaires et ensuite affecté à des activités terroristes.

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE POMPEO : Ensuite, toujours sur ce sujet, en ce qui concerne les relations, nous avons été très sincères et clairs avec tous les pays européens. Il y en a plus de trois, il faut le noter. Beaucoup d’entre eux soutiennent pleinement notre entreprise. Ils ont adopté une approche différente en ce qui concerne le Plan d’action global conjoint, mais c’est aussi quelque chose que le monde entier devrait savoir. Les entreprises européennes ont déjà pris leurs décisions. Elles ont décidé de ne pas traiter avec la république islamique d’Iran. Nous sommes donc tout à fait convaincus que le régime de sanctions que nous mettons en place sera efficace.

MODÉRATEUR : Al Jazeera English, James Bays.

QUESTION : James Bays d’Al Jazeera English. Vous parlez du comportement déstabilisateur de l’Iran dans la région. En quoi cela est-il différent du comportement de l’Arabie saoudite ?

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE POMPEO : Alors passons en revue la liste : le soutien au Hezbollah Libanais, cela représente une menace pour les États-Unis d’Amérique et Israël ; le soutien aux Houthis au Yémen, ce qui a provoqué un énorme conflit dans ce pays ; les efforts déployés en Iraq pour nuire au gouvernement ; le financement des milices chiites qui ne servent pas les intérêts du peuple iraquien ; leurs activités en Syrie ; et la liste continue. La différence de comportement entre ces deux pays est remarquable. Depuis notre arrivée au pouvoir, le royaume d’Arabie saoudite a fortement soutenu nos efforts en matière de lutte contre le terrorisme. Il nous a aidés. Je sais que Monsieur le secrétaire Mnuchin a également travaillé avec eux sur quelques projets. Il est tout à fait clair que la république islamique d’Iran est la force déstabilisatrice au Moyen-Orient aujourd’hui.

Vous avez quelque chose à ajouter ?

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE MNUCHIN : Non, je pense que c’est clair.

MODÉRATEUR : Dernière question. Passons à TASS, Dmitry Kirsanov.

QUESTION : Je vous remercie. Messieurs, merci beaucoup d’être venus nous parler. Question pour Monsieur le secrétaire Pompeo. Monsieur, vous avez mentionné que trois dérogations ont été accordées pour le projet d’énergie nucléaire civile. Pourriez-vous préciser de quoi il s’agit ? Et la centrale nucléaire de Bushehr, est-ce celle qui fait l’objet de la dérogation ? Merci.

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE POMPEO : Je vous remercie. C’est une excellente question. C’est un domaine assez compliqué, ce problème de non-prolifération. Il y en a trois. Bushehr est l’une des trois. Mais si vous me le permettez, nous publierons ici une fiche d’information complète à ce sujet d’ici une heure, afin que vous puissiez tout voir. Ce que nous avons autorisé est très restreint et très limité dans le temps, mais il est néanmoins important que ces projets de non-prolifération n’aient pas lieu sans que nous ayons une certaine visibilité sur ce qui se passe, et nous vous donnerons tous les détails de la portée de ces dérogations.

MODÉRATEUR : Nous avons le temps pour – c’est la dernière question. Devant… ici, s’il vous plait.

QUESTION : Je vous remercie. Roj Zalla avec RUDAW TV du Kurdistan iraquien. Monsieur le secrétaire, l’Iran est très puissant en Iraq. Ne craignez-vous pas que l’Iran, avec ces sanctions, accroisse la pression sur certains de vos alliés en Iraq ? Et dans ce cas, que pouvez-vous faire pour rassurer ces alliés ?

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE POMPEO : C’est donc une question très sensée. Voici les faits. Depuis que les États-Unis ont adhéré au Plan d’action global conjoint en 2015, l’Iran a mis la pression sur ces entités mêmes dont vous parlez. Donc nous avons des antécédents, nous avons des données, nous avons une base historique sur laquelle nous pouvons dire que nous savons que le Plan d’action global conjoint n’empêche pas l’Iran de faire pression sur le Kurdistan, Bagdad, toute la région. Nous avons beaucoup d’espoir en ce qui concerne les efforts que nous avons entrepris – nous nous sommes focalisés ici sur les plans financier et économique, mais tous les efforts que nous déployons pour résister à la république islamique d’Iran auront l’effet escompté qui est de réduire la capacité déstabilisatrice de l’Iran et les risques qu’il présente pour le Moyen-Orient, l’Europe et le monde.

MODÉRATEUR : Ceci conclut notre point de presse de ce matin. Merci beaucoup à Messieurs les secrétaires Pompeo et Mnuchin.

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE POMPEO : Merci à tous.

MODÉRATEUR : Merci, Monsieur. Merci à tous.

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Nous vous proposons cette traduction à titre gracieux. Seul le texte original en anglais fait foi.