LE GRAND CABINET
Au 18ème siècle, cette pièce était utilisée pour recevoir les personnes auxquelles, par distinction, on voulait donner des audiences particulières. Le décor se devait donc de refléter le pouvoir et l’influence du comte de Saint-Florentin.
Cette pièce constitue un parfait exemple du souci du détail de Chalgrin, mis en œuvre pour démontrer l’opulence des goûts du comte de Saint-Florentin. L’harmonie générale, alliant le ton gris à l’or, et que l’on retrouve dans l’ensemble des pièces du grand appartement côté rue de Rivoli, était assez inhabituelle pour la période. En effet, à cette époque, les arrière-plans étaient généralement dans des tons de blanc rehaussés de dorures. Cette harmonie a été choisie par Chalgrin spécifiquement pour cette demeure.
Pour cette pièce, Chalgrin a créé un décor néoclassique, fait de colonnades et de chapiteaux, devenu aujourd’hui le symbole même de ce que nous appelons le style Louis XVI. Ce décor est à rapprocher de celui créé également sous la direction de Chalgrin, et avec les mêmes artistes, pour l’ancien Hôtel de Clermont, rue de Varenne, que l’on peut désormais voir exposé à la Corcoran Gallery of Art, à Washington, DC, où il est présenté sous le nom de « Salon Doré ».
Dans une ordonnance architecturale très forte, les lambris sont rythmés de pilastres cannelés, surmontés de chapiteaux ioniques. Les cannelures des pilastres, leurs bases et leurs chapiteaux sont dorés. La corniche est ornée d’une frise de rinceaux elle aussi dorée. À la base de chaque pilastre, on trouve une peinture en camaïeu d’or à motifs de cornes d’abondance et de cassolettes. Ces motifs sont très représentatifs du goût « étrusque » ou « arabesque » de la période 1765-1790.
Au cours de la toute dernière campagne de restauration, les lambris qui recouvrent les murs ont été entièrement démontés, restaurés et réinstallés. Ils ont à présent retrouvé leur couleur grise d’origine. Au cours de ces travaux, les conservateurs ont découvert des notes et calculs en pieds et pouces, écrits au charbon par les artisans originaux au dos des panneaux de bois. Les notes étaient signées et datées de 1769, avant l’adoption du système métrique.
Au-dessus de chaque porte, un bas-relief semi-circulaire (« en lunette ») en plâtre représente des personnages féminins drapés à demi-allongés tenant divers attributs : épée, table des lois, etc. Ces figures de caractère semblent symboliser les vertus cardinales, souhaitables chez un homme d’État : fidélité, connaissance, prudence, tempérance, courage, justice.
La cheminée délicatement sculptée est en marbre blanc veiné. La frise qui orne la traverse est en bronze. La pendule de cheminée de style Louis XVI date du 19ème siècle et est signée Henry Dasson. Le tissu des rideaux, de taffetas cramoisi, a été recréé d’après la description faite dans l’inventaire de 1777. Les glands, galons et frange en passementerie sont le fruit du travail de Declerq Passementiers.