
Artiste de music-hall, résistante, militante antiraciste, née à Saint-Louis (Missouri), morte à Paris (France)

De son vrai nom Freda Josephine McDonald, Joséphine Baker a passé sa jeunesse dans les quartiers pauvres de Saint-Louis. Après avoir rejoint une troupe itinérante de théâtre, elle part pour Paris en septembre 1925, à l’âge de 19 ans. Le 2 octobre 1925 a lieu la première de « La Revue Nègre », spectacle musical créé au Théâtre des Champs-Élysées. Joséphine Baker interprète trois numéros, dont la « La Danse sauvage ». Très vite remarquée, elle devient l’égérie des Cubistes. Kees Van Dongen peint son portrait, et Piet Mondrian s’enthousiasme pour son charleston. En janvier 1926 a lieu la première de « La Folie du Jour » aux Folies Bergère. Le temps d’un numéro , elle danse vêtue d’un simple pagne de fausses bananes en cuir. « J’étais l’idole sauvage dont Paris avait besoin. Après quatre années de violence, j’ai symbolisé la liberté retrouvée, la découverte de l’art nègre, du jazz. J’ai représenté la liberté de me couper les cheveux, de me promener nue, d’envoyer tous les carcans au diable, y compris le corset » dira-t-elle plus tard. En décembre 1926, Guiseppe Pepito Abatino crée pour elle au 40 rue Pierre-Fontaine (9e), près du Moulin Rouge, le cabaret Chez Joséphine, qui deviendra quelques années plus tard le dîner-spectacle du Carrousel de Paris. Joséphine Baker y chante et y fait la fête en compagnie de Jean Cocteau, Robert Desnos, Colette, René Clair. Le sculpteur américain Alexander Calder réalise son premier portrait en fil de fer, qui sera exposé deux ans plus tard à New York. Après une tournée en Europe, elle obtient en 1927 un contrat aux Folies Bergères en tant que meneuse de revue, et danse accompagnée d’un léopard, puis en 1930 au Casino de Paris. Le 7 juin 1927, elle passe, et obtient, son permis de conduire Porte Maillot. En 1929, Joséphine Baker, déjà propriétaire d’un appartement avenue Bugeaud (16e), achète une maison au 26 avenue Clémenceau, au Vésinet : la villa Le Beau Chêne. En 1931, elle remporte un succès inoubliable avec la chanson « J’ai deux amours », composée par Vincent Scotto. Elle joue ensuite dans plusieurs films. En mai 1935, Joséphine Baker obtient son brevet de pilote. En 1937, elle est interviewée pour un quotidien américain par l’écrivain Langston Hughes, figure de la Harlem Renaissance, dans les coulisses des Folies Bergère. Naturalisée française en 1937, elle s’engage durant la Seconde Guerre mondiale dans les services secrets de la France libre. Ses activités durant la guerre lui vaudront la Médaille de la Résistance française, et, quelques années plus tard, les insignes de Chevalier de la Légion d’Honneur ainsi que la Croix de Guerre 1939-1945 avec palme. De 1947 à 1968, elle vit en Dordogne, dans le Château des Milandes, entourée de ses douze enfants adoptés de neuf nationalités différentes qu’elle surnomme sa « Tribu Arc en Ciel ». Le 28 décembre 1953, elle donne une conférence pour la Ligue internationale contre l’antisémitisme, au Palais de la Mutualité, à Paris. Elle déclare : « Je combats la discrimination raciale, religieuse et sociale n’importe où je la trouve (…) Je lutte de toutes mes forces pour faire abolir les lois existantes dans différents pays qui soutiennent la discrimination raciale et religieuse parce que ces lois font croire à ces citoyens qu’ils ont raison d’élever leurs enfants dans cet esprit. » Durant les années 1950 et 1960, elle soutient le mouvement des droits civiques aux États-Unis. Le 28 août 1963, elle participe à la Marche sur Washington aux côtés de Martin Luther King, Jr. Portant son uniforme de la France libre, elle est la seule femme, ce jour-là, à prendre la parole à la tribune. Elle confie à la foule, immense : « C’est le plus beau jour de ma vie ! » En 1969, Joséphine Baker, qui a été expulsée de son Château des Milandes, s’installe, sous la protection de la princesse Grace de Monaco, dans une villa sur les hauteurs de Roquebrune : la villa Maryvonne. Elle décède à Paris le 12 avril 1975, au lendemain d’un concert donné à Bobino. Le 15 avril, elle reçoit les honneurs militaires (la seule femme américaine dans l’histoire à avoir eu cet honneur) et des funérailles solennelles à l’Eglise de la Madeleine. Des centaines de couronnes de fleurs sont ensuite dispersées dans toute la capitale et déposées sur les monuments aux morts de la Seconde Guerre mondiale. Grâce à l’intervention de Grace de Monaco, elle est enterrée au Cimetière marin de Monaco. En 2000, la place Joséphine-Baker est baptisée en son honneur dans le 14e arrondissement de Paris. En 2019, une plaque commémorative est apposée au 40, rue Pierre-Fontaine où était implanté le cabaret Chez Joséphine. Le 30 novembre 2021, Joséphine Baker est entrée au Panthéon, sur décision du Président de la République française, Emmanuel Macron, qui avait cité « une personnalité exceptionnelle, née américaine, ayant choisi, au nom du combat qu’elle mena toute sa vie pour la liberté et l’émancipation, la France éternelle des Lumières universelles ». Joséphine Baker est ainsi la première femme noire, première artiste de scène, et première femme née aux Etats-Unis à reposer dans la nécropole laïque.