
Sculptrice, née à Warwick (Rhode Island), morte à Providence (Rhode Island)
Née pauvre, métisse (afro-américaine et amérindienne) et femme, Nancy Elizabeth Profitt n’était, malgré son talent précoce évident, pas destinée à une carrière artistique. Pourtant, avec l’argent gagné en travaillant, elle réussit à s’inscrire aux cours d’art de la Rhode Island School of Design et à devenir, quatre ans plus tard, la première étudiante afro-américaine diplômée de l’école. En 1922, âgée de 32 ans, elle décide de s’installer à Paris pour étudier la sculpture. Elle n’a alors que 380 dollars en poche. Son séjour, qui durera 12 ans, et qu’elle racontera dans son journal (“Nancy Elizabeth Prophet diary, 1922-1934″), fut marqué par une extrême pauvreté, et par des périodes successives d’intense activité créatrice et de profonde dépression. Elle étudie tout d’abord à l’Ecole des Beaux-Arts, puis a son propre studio, dans le quartier de Montparnasse, et se fait remarquer grâce à ses premières œuvres, “Discontent”, “Silence”, et “Le Pélerin”. En 1926, elle trouve un nouvel atelier, Rue de Broca. Ses œuvres suivantes, “Prayer”, “Negro Head”, et “Congolaise”, sont reconnues. Elle expose au Salon d’Automne et à la Société des Artistes Français. Elle se lie avec ses compatriotes Countee Cullen et W.E.B. Du Bois. Elle change en 1932 son nom en Nancy Elizabeth Prophet, rentre aux Etats-Unis en 1934, participe à plusieurs expositions, et devient enseignante au Spelman College à Atlanta, en Géorgie, poste qu’elle gardera jusqu’en 1944. Cependant, après 1945, elle doit quitter le Sud pour le Rhode Island. Elle ne parvient plus à vivre de son art, trouve un emploi comme ouvrière puis comme domestique, et la fin de sa vie est à nouveau marquée par la ségrégation et la pauvreté.