
Libraire et éditrice, née à Baltimore (Maryland), morte à Paris (France)
De son vrai nom Nancy Woodbridge Beach, Sylvia Beach a vécu à Paris dans son enfance, de 1902 à 1905, lorsque son père était pasteur à l’Eglise américaine de Paris, 65 quai d’Orsay (7e). Sylvia Beach revient à Paris en 1916 pour étudier la littérature française. En 1919, elle ouvre sa propre librairie, Shakespeare and Company, située tout d’abord au 8 rue Dupuytren (6e) puis, à partir de mai 1921, au 12 rue de l’Odéon (6e), en face de la librairie d’Adrienne Monnier, La Maison des Amis des Livres, située au 7 de la même rue. Bibliothèque de prêt en même temps que librairie d’ouvrages en anglais, Shakespeare and Company devient rapidement l’un des points de passage obligés de la « Génération Perdue », et lieu d’échange entre les Américains expatriés, comme Ernest Hemingway, Francis Scott Fitzgerald, T. S. Eliot, Ezra Pound, Man Ray, Djuna Barnes, Gertrude Stein, et les intellectuels français, tels que Valery Larbaud, André Gide, Paul Valéry, Jules Romain ou encore Jacques Lacan. La librairie sert aussi de poste restante pour la communauté américaine de passage, et il arrive à Sylvia Beach de prêter de l’argent à ses amis écrivains. Hemingway est invité de nombreuses fois dans l’appartement que Sylvia Beach partage avec Adrienne Monnier, au 5ème étage du 18 rue de l’Odéon, et il dira d’elle dans son livre Paris est une Fête : « Je n’ai jamais connu personne qui se montrât aussi gentil avec moi. » En juillet 1920, Sylvia Beach rencontre l’écrivain irlandais James Joyce lors d’une soirée. En avril 1921, devant le refus des éditeurs de publier Ulysse, Sylvia Beach lui propose son aide. L’accord est fêté au bal Bullier puis à la Closerie des Lilas. Le 2 février 1922, la première édition en anglais de Ulysse est publiée à Paris par Sylvia Beach, avec un tirage de 1000 copies. Adrienne Monnier publie la première version française en 1929. Cependant, Joyce, qui a besoin d’argent, décide de publier Ulysse dans une édition américaine, chez Random House, et le livre est publié aux États-Unis en 1934. C’est pourquoi Sylvia Beach ne percevra aucun bénéfice de ses droits d’éditrice. De plus, la Dépression pousse les Américains expatriés à rentrer chez eux et les touristes se font plus rares. En fait, l’établissement ne doit sa survie qu’au mécénat. En 1941, Sylvia Beach refuse de vendre à un officier allemand le dernier exemplaire du roman de Joyce Finnegans Wake. En quelques heures, la librairie est contrainte de fermer, les livres sont entreposés dans toutes sortes de lieux, et Sylvia Beach doit se cacher. En 1943, elle est internée pendant six mois en tant que citoyenne américaine avec d’autres compatriotes à Vittel. En 1944, Hemingway, de retour à Paris avec les troupes américaines, « libère » symboliquement Shakespeare and Company, mais Sylvia Beach ne rouvrira plus jamais sa librairie. Son autobiographie est publiée en 1959, sous le titre Shakespeare and Company. Sylvia Beach meurt à Paris le 4 octobre 1962.