Pourquoi nous devons soutenir l’Ukraine

Karen Donfried,secrétaire d’État adjointe en charge des affaires européennes et eurasiennes

Editorial par Karen Donfried, secrétaire d’État adjointe en charge des affaires européennes et eurasiennes.
Publié dans Ouest-France, édition du 14 février 2022.

L’Ukraine semble lointaine, mais la menace contre la sécurité européenne n’en est pas moins réelle – et familière. En vingt ans, la Russie a par deux fois déjà envahi des États voisins dans le but de redessiner la carte de l’Europe. En 2014, elle s’est emparée de la Crimée en violation du droit international, déclenchant une guerre dans l’est de l’Ukraine que des forces menées par la Russie alimentent encore aujourd’hui. Cette guerre a déjà coûté la vie à 14 000 personnes.

La Russie a maintenant rassemblé 100 000 hommes à la frontière ukrainienne et des trains de matériel et de soldats ne cessent d’arriver en Biélorussie. Selon les autorités russes, la décision de l’Ukraine de renforcer ses liens avec l’OTAN et l’Union européenne représenterait une « menace » pour la Russie. Parmi les principes fondamentaux de la sécurité européenne, auxquels adhèrent l’Union européenne comme la Russie, figure le droit souverain de chaque pays de déterminer sa propre politique extérieure et de sécurité, et les alliances qu’il souhaite rejoindre.

Les flagrantes violations du droit international par la Russie et ses attaques répétées contre la démocratie dépassent de loin l’Ukraine. Elle a envahi la Géorgie en 2008 et en occupe toujours 20% du territoire. Depuis le Kremlin, les renseignements russes et leurs mandataires ont interféré dans plusieurs processus électoraux, y compris en Europe. La Russie a usé d’armes chimiques pour assassiner ou tenter d’assassiner des opposants, pratiqué le chantage à l’approvisionnement de gaz, et violé les accords internationaux qui maintiennent les armes les plus dangereuses de la planète en sûreté. Et chacun sait que les cyberattaques du Kremlin ciblent nos gouvernements, les entreprises et les infrastructures qui garantissent le fonctionnement de nos pays.

Comme l’a déclaré le Secrétaire d’État Antony Blinken, ce conflit dépasse de loin la Russie et l’OTAN. La crise a des conséquences mondiales, et requiert une attention et une action mondiales. Alors comment répondre à ces menaces ?

Nous choisissons d’abord la voie de la diplomatie. Les États-Unis, en étroite collaboration avec nos partenaires et alliés européens, dont l’Ukraine, ont ouvert la voie de la désescalade qui pourrait mener à une résolution durable. Nous espérons que la Russie choisira cette voie.

Si la Russie choisit de poursuivre ses actions militaires contre l’Ukraine, nous, nos alliés et nos partenaires, sommes prêts à de lourdes conséquences, dont des sanctions encore jamais imposées. Les alliés de l’OTAN se prépareront aussi à renforcer le flanc est de l’OTAN. Nous continuerons de fournir à l’Ukraine l’aide nécessaire à sa défense.

Depuis plus de 200 ans d’alliance historique, les États-Unis et la France font corps pour défendre les valeurs démocratiques. Le Président Poutine teste notre détermination. La France et les États-Unis surmonteront ensemble ce défi majeur.