Bureau du représentant des États-Unis pour le Commerce extérieur
Washington, D.C.
Le 28 janvier 2016
Au nom du bureau du représentant des États-Unis pour le Commerce extérieur, je voudrais souhaiter la bienvenue à nos hôtes et amis distingués qui participent à l’audition d’aujourd’hui sur les recommandations de politique visant à approfondir les relations entre les États-Unis et l’Afrique en matière d’échanges et d’investissements. Cette audition a pour but d’examiner l’avenir, mais penchons-nous aussi sur le chemin que nous avons parcouru. En 1998, le président Clinton appelait « les Américains à placer une nouvelle Afrique sur notre carte ». « Un nouveau siècle se profile, les vieilles habitudes sont en train de décliner », ajoutait-il. Deux ans plus tard, le Congrès répondait à cet appel en adoptant la loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (African Growth and Opportunity Act – AGOA) pour développer les liens économiques entre l’Amérique et l’Afrique.
Aujourd’hui, seize ans après être entrée dans ce « nouveau siècle », l’Afrique n’est pas simplement en train d’émerger. Elle est « en marche », comme l’a déclaré le président Obama l’an dernier en Éthiopie. Et nos liens – profondément enracinés – doivent évoluer pour suivre le rythme des changements qui interviennent à l’intérieur comme à l’extérieur du continent africain.
Au cours des cinq prochaines années, le produit intérieur brut (PIB) de l’Afrique subsaharienne devrait, selon les prévisions, s’accroître 30% plus vite que dans le reste du monde. En se projetant encore plus loin, l’Afrique subsaharienne compte 413 millions d’enfants de moins de 15 ans. En 2030, ils représenteront près du quart de la main-d’œuvre mondiale et près du quart des consommateurs de la planète. Ces tendances indiquent clairement combien les prochaines décennies de l’Afrique joueront un rôle essentiel dans l’ensemble de l’économie mondiale, ainsi que pour les États-Unis. Le renforcement des relations en matière d’échanges et d’investissements avec l’Afrique signifiera une expansion des marchés pour les exportations américaines. Il servira en outre : nos intérêts relatifs à la sécurité en prévenant les conflits ; nos intérêts relatifs au développement en soulageant la pauvreté ; tout comme nos valeurs par le biais de politiques encourageant la gouvernance démocratique, une large croissance ainsi que des normes de travail et d’environnement consolidées.
Pour l’Afrique, l’approfondissement des relations en matière d’échanges et d’investissements avec les États-Unis se révélera de plus en plus essentiel face aux vents contraires soudains qu’affronte le continent dans le domaine de l’économie. Avec la chute des prix des produits de base et la transition de la Chine vers une croissance plus faible, il semble que les importations chinoises en provenance d’Afrique aient baissé de moitié en une seule année, de plus de 110 milliards de dollars en 2014 à seulement 50 milliards de dollars en 2015. La prochaine décennie de croissance durable de l’Afrique exigera de nouvelles sources de demande – dans les échanges agricoles et industriels, dans l’intégration interne, et en tirant profit du boom de l’accès à Internet et de l’utilisation des téléphones portables, plutôt que du boom des ressources de ces dix dernières années. L’Amérique a besoin de l’Afrique. Et l’Afrique a besoin de l’Amérique. Mais comment progresser à partir de là ?
Il est clair que nous avons des bases solides. Au cours des quinze dernières années, l’AGOA a aidé les pays d’Afrique subsaharienne à accroître nettement leurs exportations : en particulier, les exportations non pétrolières à destination des États-Unis ont presque quadruplé, tout comme les investissements directs américains dans les pays d’Afrique subsaharienne. L’AGOA a soutenu des centaines de milliers d’emplois en Afrique subsaharienne. Et les États-Unis en ont également bénéficié, avec des augmentations importantes de leurs exportations depuis 2000.
Pour tirer parti des succès de l’AGOA, le gouvernement américain et ses partenaires africains ont lancé en 2013 l’initiative Trade Africa avec la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC), signant en 2015 un accord de coopération à multiples facettes, axé sur la conformité avec les normes de l’OMC (Organisation mondiale du commerce) portant sur la facilitation des échanges, les mesures sanitaires et phytosanitaires, et les obstacles techniques aux échanges. Les États-Unis s’efforcent actuellement d’étendre l’initiative Trade Africa afin de faire participer de nouveaux partenaires, notamment la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Mozambique, le Sénégal et la Zambie.
En juin dernier, le Congrès a réexaminé ce dossier et prorogé l’AGOA de dix ans, soit la plus longue extension dans l’histoire de ce programme, offrant aux partenaires africains une occasion unique d’optimiser leurs gains dans le cadre de ce programme et garantissant une plus grande certitude et une plus grande prévisibilité qui permettent aux entreprises de faire des investissements à long terme et de développer des chaînes logistiques.
À présent, la question n’est pas de savoir si l’AGOA est un outil important – il l’est et, pour de nombreux pays, il continuera à être essentiel dans un avenir proche. Mais la question est de savoir si nous devons aussi élaborer de nouvelles politiques commerciales pour la nouvelle Afrique, étant donné le large éventail de pays qui la composent désormais et l’évolution du système commercial mondial dont elle fait partie. Le Congrès étudie également cette question, avec la législation sur la prorogation de l’AGOA adoptée l’été dernier nous demandant d’évaluer les perspectives de notre orientation vers des arrangements commerciaux réciproques plus permanents.
Plusieurs voies pourraient nous permettre d’atteindre ce résultat. Une solution universelle n’est pas nécessairement appropriée. Et nous avons l’esprit très ouvert quant à l’issue de cette discussion. Nous abordons ce processus sans idées préconçues ni préjugés sur ce qui en découlera. L’audition d’aujourd’hui est destinée à recueillir des points de vue afin de contribuer à documenter cet effort.
Ce que nous savons avec certitude, c’est qu’il souffle des vents nouveaux. Des pays – y compris en Afrique – s’orientent de plus en plus vers des arrangements plus stables, plus permanents et mutuellement réciproques. Ainsi, les États-Unis ont aujourd’hui des accords de libre-échange avec 20 pays, contre trois en 2000 – bien qu’ils n’en aient aucun avec l’Afrique subsaharienne. Les pays africains eux-mêmes font avancer l’intégration régionale par l’intermédiaire des communautés économiques régionales et des initiatives des Zones de libre-échange tripartite et continentale africaine. Ils se sont également engagés dans le cadre d’accords de partenariat économique (APE) avec l’Union européenne (UE). En outre, des partenaires commerciaux comme le Canada et l’UE recentrent de plus en plus leurs programmes sur les pays les plus pauvres.
Après un réexamen de l’AGOA durant un an, nous savons que les préférences tarifaires ne peuvent souvent à elles seules suffire à générer de nouveaux échanges et investissements importants. L’environnement politique compte. Une société peut choisir de ne pas investir dans un pays si des taxes ou des politiques prohibitives sont appliquées aux facteurs de production, si la propriété intellectuelle n’est pas protégée, si le marché pour les services de soutien est fermé, si les règles d’usage ne sont pas en accord avec les normes internationales, ou si les droits des travailleurs ou encore l’environnement ne sont pas préservés. Le développement de marchés régionaux et de politiques régionales cohérentes est essentiel. Et les contraintes tenant à la capacité de production – telles les barrières douanières et les infrastructures médiocres – peuvent avoir de graves répercussions.
Toute nouvelle politique doit prendre en compte ces facteurs. Des représentants d’autres ministères et nous-mêmes avons eu de nombreuses discussions avec les partenaires africains, l’industrie et la société civile, les universitaires et la communauté des investisseurs, des fondations aux États-Unis et en Afrique, et de nombreux amis réunis ici aujourd’hui sur la marche à suivre. Tirant parti des compétences de ce groupe divers et distingué, nous nous sommes attachés à promouvoir une meilleure compréhension des défis et des possibilités pour les échanges et les investissements entre les États-Unis et l’Afrique, et nous avons étudié comment exploiter tout le potentiel de la relation entre les États-Unis et l’Afrique en matière d’échanges et d’investissements. Cette contribution est décisive au moment où nous préparons un rapport public que nous remettrons au Congrès en juin prochain, rapport qui exposera un ensemble d’options et de plans pour progresser sur le calendrier des échanges et des investissements entre les États-Unis et l’Afrique.
Je voudrais à nouveau remercier chacun d’entre vous pour votre participation à l’audition d’aujourd’hui afin de soutenir ce travail passionnant et capital. Nous attendons avec impatience une discussion animée. J’aimerais maintenant me tourner vers les sénateurs Isakson et Coons – deux des grands champions de la relation États-Unis-Afrique – pour qu’ils nous fassent part de leurs remarques sur ce sujet majeur.