Réception du 4 juillet/ Discours de CDA Zeya

Remarks given by the Chargé d’Affaires Uzra Zeya
Independence Day Celebration 2017

June 29, 2017

Mesdames les Ministres,
Monsieur le Ministre,
The Honorable Tom Bossert, Assistant to the President for Homeland Security and Counterterrorism,
Commissioner Seefried,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs les Représentants des cultes,
Mesdames et Messieurs les Officiers généraux,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,

Soyez les bienvenus à la Résidence officielle de l’Ambassade des États-Unis d’Amérique – celle que nous appelons « la Maison du peuple ». Nous avons d’ailleurs le plaisir d’avoir parmi nous d’anciens locataires de cette belle maison, l’ambassadeur Howard Leach et son épouse Gretchen : merci de votre présence !

Aujourd’hui, vous nous rejoignez pour célébrer le 241ème anniversaire de la naissance de notre peuple en tant que nation –une et indivisible. Et comme vous le savez tous ici, cette construction n’aurait pas été possible sans le concours décisif du Comte de Rochambeau, de l’Amiral de Grasse, du Marquis de La Fayette, et de plus de 12 000 soldats et marins français. Leur intervention scella près de deux siècles et demi d’amitié, d’alliance et d’admiration mutuelle.

Il y a un siècle, au mois de juin, les soldats américains commençaient à débarquer en Normandie sous le commandement du Général Pershing. Le 4 juillet 1917, son aide de camp, le Colonel Charles Stanton, marchait en tête d’un bataillon américain vers la tombe du Marquis de La Fayette : les soldats américains venus secourir la France avaient le sentiment profond de s’acquitter d’une vieille dette envers elle. Stanton hissa un drapeau américain au-dessus de sa sépulture et prononça ces mots restés célèbres : « La Fayette, nous voilà ! »

Cette année, nous sommes vraiment ravis que notre Président se rende à Paris pour marquer ce centenaire et assister au fameux défilé du 14 juillet en tant qu’invité d’honneur du Président de la République française !

La Grande Guerre fut un cataclysme en Europe, et les souffrances de la France, qui perdit plus d’un million et demi de ses enfants, soldats et civils, furent immenses. Quand nous, citoyens américains, voyageons en France, nous sommes toujours touchés de trouver dans chaque ville, chaque village, chaque hameau, un monument à la mémoire de ceux tombés pendant le premier conflit véritablement mondial de l’histoire.

Au milieu des abominations de la Grande Guerre, on a vu inscrire de glorieux chapitres de la diplomatie franco-américaine, s’illustrer des hommes et des femmes héroïques pour défendre la liberté et instiller le changement dans la société américaine, et enfin s’amorcer une fusion interculturelle qui nous inspire toujours un siècle plus tard.

La solidarité entre nos deux gouvernements en ces instants critiques compte parmi ses architectes Robert Bacon, ambassadeur américain en France de 1910 à 1912, qui fut parmi les premiers à soutenir l’intervention de son pays. Dès la déclaration de guerre en 1914, Bacon revint en France pour coordonner les ambulanciers américains volontaires.

Il travailla avec l’Hôpital américain de Paris, fondé peu de temps plus tôt, et l’Ambassadeur en poste Myron Herrick, lui aussi partisan de l’intervention des Etats-Unis. Les ambulanciers prirent en charge plus de 10 000 soldats alliés, la plupart avant même l’arrivée des troupes américaines sur le sol français.

De l’autre côté de l’Atlantique, l’Ambassadeur de France Jules Josserand tentait de convaincre le président Wilson et le Congrès que l’action américaine était absolument nécessaire pour défendre la liberté et la justice en Europe. C’est le voyage du Maréchal Joffre à Washington qui acheva de les décider. Envoyé en avril 1917, il négocia des termes d’engagement qui permettaient aux États-Unis d’envoyer au front des troupes indépendantes.

Le courage et la déterminiation des diplomates français et américains à faire entrer les Etats-Unis dans une guerre juste provoqua une incroyable mobilisation de deux millions d’Américains, qui prirent les armes pour secourir l’Europe.

Cette nouvelle armée était composée d’hommes et de femmes issus de tous les milieux, réunis sous la bannière de la liberté.

Parmi ces héros figure Lenah Higbee, infirmière américaine qui supervisa les soins apportés à plus de 120 000 marins alliés atteints de la grippe espagnole. Elle fut la première femme décorée de la Navy Cross – le plus grand honneur décerné par l’U.S. Navy – et la première à donner son nom à un navire de guerre. Lenah et les autres femmes engagées prouvèrent au monde qu’elles étaient plus que dignes des mêmes droits que les hommes, et contribuèrent pleinement au mouvement suffragiste de l’époque. Deux ans après la guerre, on votait le 19ème amendement de la Constitution des États-Unis, et les Américaines obtenaient enfin le droit de vote.

Ces millions d’Américains mobilisés comptaient également des membres de grandes familles, comme Benjamin Franklin Pepper, descendant direct de notre premier ambassadeur en France, qui abandonna une brillante carrière d’avocat, sa femme et ses trois enfants pour se porter volontaire. Il est enterré au cimetière de Meuse-Argonne, où j’ai eu l’honneur de commémorer le Memorial Day le mois dernier.

Tout près de lui repose le Caporal afro-américain Freddy Stowers, tué à 21 ans seulement alors qu’il menait un assaut contre un avant-poste de la forêt des Ardennes. Il fut le premier Afro-Americain décoré de la Medal of Honor – qui ne lui fut remise que 73 ans après sa mort.

Stowers était de ceux qu’on appelle les Harlem Hellfighters. Si l’armée américaine n’était pas prête à les intégrer dans ses unités, l’armée française fut soulagée de compter dans ses rangs des soldats si valeureux.

L’histoire de Freddy Stowers et des Harlem Hellfighters illustre non seulement la bravoure exceptionnelle de ces soldats, mais aussi la force des échanges culturels entre Français et Américains pendant la guerre. Victimes de ségrégation aux États-Unis, les soldats afro-américains furent accueillis en France avec bienveillance.

C’est en tout cas le ressenti des musiciens de James Reese Europe, dont le style novateur appelé jazz séduisit instantanément les Français, et jeta les bases d’une longue tradition musicale. Depuis et jusqu’à maintenant, les artistes et auteurs américains viennent toujours s’installer dans la ville lumière.

Aujourd’hui, nous profitons tous de la dynamique d’admiration mutuelle et de la proximité historique de nos deux nations pour aborder ensemble les plus grands enjeux de notre époque : la lutte contre le terrorisme, la prospérité de tous nos citoyens et l’avancement des valeurs que nous partageons. Nos armées combattent côte à côte au Sahel et au Moyen-Orient, et nos services de sécurité travaillent ensemble jour et nuit pour nous protéger et défendre nos démocraties.

Nos partenariats et investissements réciproques ont créé des centaines de milliers d’emplois, ici comme là-bas.
Nos agences spatiales explorent ensemble de nouveaux mondes, et nos chercheurs s’unissent pour vaincre des maladies meutrières.

Enfin, nous fêterons bientôt le 70ème anniversaire du programme Fulbright, grâce auquel plus de 20 000 étudiants français et américains ont élargi leurs horizons intellectuels.
Je pense, chers amis, que nous pouvons tous être fiers de ce bilan.

Ma mission en France touche bientôt à sa fin, et après presque huit ans passés dans votre beau pays, c’est avec beaucoup d’émotion que je vous remercie d’honorer chaque année la constance d’une alliance historique aujourd’hui plus précieuse que jamais.

Je terminerai sur ces quelques mots de George Washington adressés au Comte de Rochambeau en 1784 :

We have been contemporaries
And fellow labourers
In the cause of liberty
And we have lived together
As brothers should do
In harmonious friendship

Vive la France, vive les États-Unis d’Amérique, et vive la longue amitié franco-américaine !