Transcription du commentaire :
On les appelait « Doughboys ». Aujourd’hui encore, personne ne sait exactement pourquoi. Comme leur nom, leurs actes héroïques sombrent dans l’oubli. Des noms, des lieux, gravés sur mille et un mémoriaux à travers le pays, que l’on voit sans regarder. Des monuments oubliés en mémoire d’une guerre qui changea la face du monde.
Les Doughboys l’appelaient The Show.
Nous l’appelons la Première Guerre mondiale.
En moins de 2 ans, 4 millions d’Américains, dont beaucoup de volontaires, rejoignent les forces armées. En 6 mois de combats décisifs tombent plus d’hommes qu’en 10 ans de guerre en Corée et au Vietnam, le nombre de victimes dépassant même celui de la Seconde Guerre mondiale.
La nation ne sera plus jamais la même.
On élargit les horizons, on exige des droits, on imagine l’avenir.
L’avènement du siècle américain. L’essor du rêve américain. Vous vous souvenez ?
Avril 1917. Les États-Unis entrent dans la Grande Guerre. Pendant deux ans et demi, la France et la Grande Bretagne se sont enlisées dans un combat épique avec l’Allemagne impériale, laissant des millions de morts et menaçant la démocratie. L’Amérique peut-elle faire la différence ?
L’Armée américaine a des plans de guerre – mais aucun ne prévoit d’envoyer des millions d’hommes de l’autre côté de l’Atlantique. Très peu d’hommes ont déjà combattu. Le pays qui a inventé l’avion ne dispose que de peu de machines, et toutes sont obsolètes. Pas de tanks, pas de masques à gaz. Pire encore, le Département de la Guerre n’a pas fait faire d’études de la guerre des tranchées – cet apprentissage se paiera par le sang.
Pourtant, la nation se mobilise – et finance – un effort exceptionnel. En 2 ans seulement, le gouvernement américain dépense presque autant qu’au cours de toute son histoire.
Le nombre de chantiers navals est multiplié par 8. Plus de 2 millions de nouveaux ouvriers industriels. L’ancêtre de Rosie the Riveter apparaît : les femmes viennent largement gonfler les rangs des ouvriers, rejoignent les forces armées pour la première fois, et obtiennent le droit de vote un an plus tard.
Les Doughboys représentent tous les milieux, et toutes les origines. Un flot déterminé d’Afro-Américains, d’Amérindiens, de nouveaux immigrants, d’ouvriers agricoles, de membres de la Ivy League.
« Lafayette, nous voilà. » Le Corps expéditionnaire américain – les hommes des Divisions Arc-en-Ciel, Buffalo, Ivy, et All-Americans. La Metropolitan, la Prairie et la Red Diamond.
Une infirmière anglaise écrit après les avoir vus : « Nos libérateurs nous arrivaient enfin. Si divins, si magnifiques, si formidablement intacts. »
Et ils arrivaient à temps. Les Américains rejoignent le front en janvier 1918. Un Commandant de Marines à qui un Français conseillait de se retirer répondit : « Au diable la retraite ! On vient seulement d’arriver ! »
C’était de véritables guerriers – des troupes de première ligne. Les deux-tiers du Corps expéditionnaire combattirent – une proportion énorme.
Ils participeront à 13 batailles décisives, dont les noms resteront gravés dans la mémoire des Américains. Cantigny, le Bois Belleau, Soissons, Saint-Mihiel, et Meuse-Argonne, où 250 000 Doughboys menèrent la première vague d’assauts – la première ligne de plus d’un million de soldats engagés dans les héroïques batailles finales de la Grande Guerre. Parmi eux, un fermier du Tennessee du nom d’Alvin York – qui tua ou captura à lui seul plus de 100 soldats ennemis.
Parmi les autres combattants figuraient deux officiers d’artillerie : Hubble et Truman. Le premier recevra plus tard un Prix Nobel, et donnera son nom au télescope le plus puissant de l’histoire. Le second deviendra Président des États-Unis.
Personne parmi les belligérants n’avait imaginé que les Américains débarqueraient, s’engageraient et influenceraient l’issue de la Guerre si rapidement.
L’Armistice est signé à la 11e heure du 11e jour du 11e mois de l’année 1918. La force américaine avait mis un terme au massacre. Mais alors que le monde entier se réjouissait, le Général Pershing déclarait : « À Berlin, ils n’ont jamais compris qu’ils avaient perdu. Un jour, tout devra recommencer. »
Et il en fut ainsi… Emmenés par des vétérans nommés Marshall, Patton et MacArthur, et par les fils et les filles de bien d’autres, qui se sont battus et sont tombés pendant cet interminable chapitre de notre combat perpétuel pour la liberté.
La Première Guerre mondiale seule n’a pas, n’aurait pas pu faire de ce monde un monde « sûr » pour la démocratie.
La liberté devra toujours être défendue, renforcée, et chérie. Des millions d’Américains se sont battus pour elle. 116 516 Doughboys ont fait cet ultime sacrifice.
Aujourd’hui, au Capitol de notre nation, chacune des grandes guerres menées par l’Amérique pour défendre la liberté est mise à l’honneur par un Mémorial national – toutes, sauf la Première Guerre mondiale.
Le sacrifice sans précédent de citoyens américains pour mettre un terme définitif à une guerre mondiale est plus que digne d’une reconnaissance que nous lui devons depuis longtemps.
Le 11 novembre 2018, avec votre aide, la World War I Centennial Commission leur dédiera ce Mémorial, au cœur de Pershing Park. Il est temps d’honorer leur sacrifice et de renouveler notre promesse :
Protéger l’avenir… en n’oubliant pas le passé.